Face à la hausse des coûts de développement, les petits studios ne sont plus en mesure de proposer des jeux d’aventure sans DLC ou autre modèle économique freemium. Pour remédier à ce problème, le directeur de la division Xbox de Microsoft envisage de créer une plateforme similaire à Netflix pour le jeu vidéo, basée sur Azure Cloud, depuis laquelle les joueurs pourraient accéder à un catalogue de jeux originaux distribués de façon épisodique.
Au cours des cinq dernières années, l’industrie du jeu vidéo a changé. Le cycle de vie des consoles de jeux est plus court, et le business model de distribution des jeux vidéo a changé. Un nouveau concept est apparu : celui des jeux vidéo en tant que service. Ainsi, désormais, le support des développeurs ne s’arrête plus au lancement du jeu. Les développeurs gèrent des serveurs multijoueurs, et proposent du contenu téléchargeable additionnel au fil du temps, les fameux DLC. Ce nouveau modèle vise à répondre à la hausse vertigineuse des coûts de développement, en s’assurant que les joueurs continuent à investir dans un jeu sur le long terme.
Azure Cloud : Microsoft veut permettre aux développeurs de jeux en ligne louer ses serveurs
Si ce nouveau modèle est effectivement rentable, il est vivement critiqué par les joueurs. Par ailleurs, les coûts de location et de maintenance des serveurs multijoueur rendent ce modèle inaccessible aux petits développeurs. C’est ce problème que souhaite résoudre Phil Spencer, le directeur de la division Xbox de Microsoft.
La solution que propose Spencer est d’ouvrir la plateforme cloud Microsoft Azure aux petits studios, pour leur permettre d’accéder à un large réseau mondial de serveurs. Ainsi, les développeurs n’auront plus besoin d’acheter des serveurs, et pourront compter sur l’élasticité de Microsoft Azure pour adapter la plateforme à leurs besoins.
Cette initiative pourrait favoriser l’apparition de développeurs indépendants novateurs et leur permettre de développer des mondes persistants comme DayZ, Rust ou Playerunknown’s Battlegrounds. Toutefois, elle pourrait également inciter davantage de studios à abuser des DLC, des microtransactions et autres mécanismes freemium. C’est ce qui s’est passé dans le secteur des jeux smartphones. Spencer en est conscient, et compte bien lutter contre cette dérive.
Microsoft Azure : un Netflix du jeu vidéo regroupant des jeux narratifs distribués par épisodes
À ses yeux, ce modèle est pertinent pour des jeux comme Fifa Ultimate Team, mais devient vite intrusif et abusif dans un jeu d’aventure prévu pour un seul joueur. Si un joueur se retrouve confronté à un paywall au beau milieu de l’aventure, il se sentira floué, à juste titre. De fait, de nos jours, hormis les géants comme Nintendo et Sony, peu de studios sont en mesure de proposer ce type de jeux centrés sur la narration.
Spencer pense avoir la solution pour stimuler à la fois le développement de jeux en tant que service, et le développement de jeux narratifs novateurs. Inspiré par le succès de plateformes de streaming comme Netflix et HBO, le directeur de la division Xbox envisage de reprendre ce modèle. En effet, ces services sont en mesure de proposer du contenu original de qualité, grâce au modèle d’abonnement qui leur garantit des revenus stables.
En reproduisant le même schéma avec Xbox Game Pass, Microsoft permettrait aux développeurs de proposer leurs jeux narratifs de façon épisodique, comme le fait déjà Telltale Games. Jusqu’à présent, les services comme Game Pass et PlayStation Plus ont été utilisés pour proposer l’accès à un catalogue d’anciens jeux via le cloud. C’est également comme ça que Netflix a commencé, avant de commencer à proposer du contenu original et de révolutionner le marché.
C’est la raison pour laquelle Microsoft souhaite créer un Netflix du jeu vidéo. Certes, pour l’heure, Microsoft possède moins de studios prestigieux que Sony, mais la firme compte bien se focaliser sur la création de contenu de qualité pour ensuite développer cette idée de plateforme cloud. Gageons que le Netflix du jeu vidéo prendra forme dans les trois ans à venir.