Lors du CES 2017 de janvier dernier, Nvidia s’est illustrée en dévoilant son service de cloud gaming GeForce Now. Paradoxalement, le succès de ce nouveau service risque de cannibaliser les parts de marché de Nvidia sur le marché du PC gaming…
En 2017, l’industrie du gaming devrait rapporter 100 milliards de dollars. Entre 2015 et 2019, les estimations convergent vers un taux de croissance de 6,6% par an. Le PC gaming, qui comptabilise actuellement 27% de parts du marché, devrait tomber à 25% d’ici 2019.
Si cette perte de parts de marché peut sembler de mauvais augure, le PC gaming se montre étonnamment résistant face à la chute des ventes de PC. Rappelons que ces ventes n’ont cessé de décliner au cours des 5 dernières années, et que nul ne sait où s’arrêtera cette décadence. Les ventes de Mac, qui se portaient mieux jusqu’à présent, ont elles aussi baisse de 10% en 2016.
L’imperturbable croissance de Nvidia
En revanche, les revenus de l’activité gaming de Nvidia continuent de croître. Au cours des huit derniers trimestres, ces revenus ont pratiquement doublé, passant de 646 millions de dollars à 1244 millions de dollars. Au troisième trimestre 2017, cette activité représente plus de la moitié du chiffre d’affaires de Nvidia.
L’une des principales explications à cette croissance soutenue est l’essor du marché du gaming haute-performance, reposant fortement sur les produits Nvidia. En effet, les produits de la firme restent la référence dans ce domaine. L’entreprise bénéficie d’un leadership bien appuyé sur le secteur.
Les joueurs recherchent sans cesse de nouvelles façons d’améliorer leur PC et par extension leurs performances dans les jeux. Or, les produits Nvidia répondent à cette demande. C’est ce qui permet à la marque de maintenir ses revenus à la hausse. Ce marché de niche est très dynamique, et Nvidia le sert avec brio.
La menace du cloud gaming
Toutefois, l’ombre d’une menace plane sur Nvidia. La croissance du cloud risque de nuire à l’industrie du PC gaming. Le cloud gaming n’est pas un segment à proprement parler, mais connaît un essor directement lié à la croissance à deux chiffres de l’industrie du cloud computing, et pourrait prochainement bouleverser le marché actuellement dominé par les consoles et les PC.
Le principal avantage du cloud gaming est bien entendu sa portabilité. Il suffit d’une bonne connexion internet pour en profiter. Plus besoin de dépenser des milliers de dollars pour mettre à jour un système ou d’acheter une nouvelle console régulièrement. Un laptop moyen et une bonne connexion sont suffisants, et le modèle SaaS signifie qu’un paiement mensuel est suffisant pour profiter de derniers jeux sur n’importe quel appareil.
Bien entendu, le cloud gaming est actuellement limité par plusieurs facteurs. L’expérience de jeu dépend fortement du taux de rafraichissement et d’autres critères de performance, à l’origine du prix élevé des composants gaming. Le cloud gaming dépend fortement de la puissance du cloud en question, et de la stabilité de la connexion internet de l’usager.
Malgré les efforts déployés par les différents acteurs du marché, la latence reste plus élevée que sur un PC local. Ceci demeure un problème important. Cependant, lorsque ce problème sera réellement résolu, l’expérience cloud gaming sera équivalente à celle proposée par un PC local.
GeForce Now : une approche proactive du cloud gaming
Nvidia a toujours été une entreprise prête à aller de l’avant. En se lançant sur le marché GaaS (Gaming-as-a-service), la firme ne souhaite pas faire dans la demi-mesure. Son service GeForce Now, présenté lors du CES 2017 de janvier dernier, semble destiné au succès.
Cependant, chaque part de marché du cloud gaming gagnée par GeForce Now risque en toute logique de nuire à son activité principale de PC gaming. De fait, la stratégie de la firme peut sembler surprenante. Toutefois, si Nvidia ne se lance pas dès maintenant dans le cloud gaming, elle risque de connaître le même destin qu’Oracle.
Aujourd’hui, Oracle lutte pour promouvoir ses services IaaS, PaaS et SaaS, alors même qu’elle avait l’opportunité de se lancer sur le marché du cloud computing très tôt. Elle avait en possession les technologies et les ressources nécessaires pour rivaliser avec AWS, mais n’a pas su prendre les devants au bon moment.
De son côté, Nvidia continue de savourer sa forte croissance et devrait continuer à battre ses propres records. Elle a déjà su prouver sa valeur dans une industrie nécessitant une innovation constante. Toutefois, du point de vue des investisseurs, Nvidia n’a pas le droit à l’erreur. Gageons que le choix de Nvidia se révélera judicieux.