Le joueur « esport » peut être défini en français comme un pratiquant de sport électronique, à savoir une personne s’exerçant à un jeu vidéo en mode multi-joueurs sur internet ou en LAN.
Ce dernier peut utiliser son ordinateur ou bien une console de jeux vidéo. Apparu dans les années 1990 et démocratisé par la généralisation des réseaux, ce loisir a été rapidement considéré comme une discipline sportive à part entière.
Equipes, tournois et sponsors ont placé le joueur esport dans la même configuration que de nombreux athlètes, entraînant ainsi une gestion du quotidien qui éloigne le gamer de la pratique dilettante pour le ranger dans la catégorie des sportifs professionnels.
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L’esport : est il un vrai sport ?
Il peut sembler étonnant à première vue d’établir un tel rapprochement. En effet, le sport tel que l’envisage la conscience collective est souvent perçu comme une activité, pratiquée en plein air ou en intérieur, nécessitant un effort physique particulier et douloureux, fruit d’un entrainement régulier s’étendant sur de longues années.
Mais cette acception est trop restrictive et ne prend pas en considération certaines caractéristiques sportives telles que la stratégie ou la concentration. C’est au sein de cette définition élargie que certaines activités, comme le scrabble, les échecs ou la pétanque, entrent désormais dans ce domaine autrefois réservé à l’exercice physique pur.
Ainsi, vissé dans son siège et face à son écran, le gamer est devenu un véritable sportif à part entiere.
Une infrastructure similaire à celle des sports traditionnels
Le joueur professionnel doit se plier à un certain nombre de règles, d’astreintes et de codes s’il veut faire de la pratique de sa discipline un moyen de gagner sa vie.
Après avoir été repéré, il intègre une structure disposant d’équipes comme les Team aaa, LDLC, Milleniumou encore Warlegend afin de pouvoir être rémunéré par le biais de sponsors lors de tournois nationaux ou internationaux.
Ceux-ci sont parfois retransmis et possèdent leurs propres commentateurs sportifs.
Des qualités à développer
Tout exercice vise à atteindre ou améliorer certaines capacités physiques ou intellectuelles : la préparation du pro-gamer procède de même.
Le jeu exige de lui de l’ingéniosité afin de développer des parades et un travail de coordination à l’échelle de l’équipe entière pour perfectionner leurs stratégies et leur communication. Counter Strike GO en est le parfait exemple.
La précision, la vigilance perpétuelle ou le raccourcissement des temps de réaction sont des objectifs à garder en tête tout au long du training.
Individuellement, le joueur professionnel doit augmenter sa dextérité concernant la gestion du clavier, des touches de raccourci ou de la souris.
Un jeu tel que Starcraft, envisagé à un niveau professionnel, peut donner lieu à quatre cents actions par minute soit environ cinq par seconde…
Une semaine type
La saison d’un gamer dure en moyenne huit mois dans l’année entre janvier et août, saison pendant laquelle il participe aux compétitions.
Durant les mois restants, c’est-à-dire de septembre à décembre, le pratiquant de sport électronique ne prend pas de vacances par rapport à son jeu : il n’arrête pas les parties, de crainte que son jeu ne perde en qualité. S’éloigner des écrans voudrait également dire pour lui laisser la concurrence s’installer avec de nouvelles stratégies dont il ne serait pas au courant.
Pour toutes ces raisons, la préparation du joueur se conçoit sur une année entière.
Une semaine type engage entre trente-cinq et cinquante heures de jeu environ et représente une moyenne de trente parties (un gamer coréen peut aller jusqu’à quatre-vingts parties : pour lui, les cinquante heures de jeu sont une moyenne basse). Le training se répartit selon ses disponibilités : soit cinq soirées entre 17h et minuit pour le minimum, soit en journée.
L’entrainement intensif d’un joueur professionnel esport
Voici l’exemple d’une semaine type dans la vie d’un gamer, Liquid TLO, spécialiste de Starcraft. Levé tous les matins à 7h30 et couché tous les soirs à minuit, il consacre quarante heures au jeu entre le lundi et le vendredi.
Le samedi est libre et le dimanche, consacré aux tournois. Il se ménage régulièrement des pauses chaque jour : sur une semaine, cela représente environ cinq heures de sport (natation et course à pied), deux heures de méditation dans la nature, deux soirées sans ordinateur et quatre heures en après-midi pour une activité qu’il apprécie, mais qui n’est pas liée au PC.
Il passe également une heure à revenir sur l’analyse de son jeu.
Le joueur peut s’entraîner chez lui, auquel cas il met en place des stratégies de concentration avant de commencer ses parties.
En effet, le monde extérieur ne doit pas venir interférer dans son jeu au risque de le détourner de ses performances. C’est ainsi que la mise sur vibreur du téléphone, l’extinction de la radio ou de la télévision sont souvent des préalables nécessaires avant le jeu lui-même.
De plus en en plus, les sportifs électroniques voient des « gaming houses » s’ouvrir pour les accueillir et les encadrer lors de leur phase de préparation. Elles sont l’équivalent des camps pour les sportifs traditionnels.
Les joueurs peuvent y vivre à l’année ou bien y venir pour des boots camps de trois semaines intensives pour se perfectionner. Ces structures permettent de rompre l’isolement des participants, d’entretenir l’esprit d’équipe et de régler les conflits à l’intérieur de celle-ci.
Un retour sur sa pratique : le strater
Tout au long de son entrainement, le pro gamer est accompagné d’un coach, également appelé « strater », qui l’aide à avoir un retour réflexif sur sa technique.
Vêtu aux couleurs de l’équipe, il supervise les séances et analyse le jeu, soit muni d’un papier et d’un crayon, soit grâce à une vidéo. Le débriefing des parties a ensuite lieu de manière collective, mais aussi de manière individuelle.
Par ailleurs, son rôle ne se limite pas à une fonction purement analytique, il possède également une importance morale, car il cadre les joueurs et les rappelle à l’ordre sur l’importance d’une hygiène de vie essentielle pour ce métier exigeant physiquement et moralement.
Pratiquer sur la durée
Ces principes sont de bon sens mais doivent être appliqués à la lettre pour qui souhaite perdurer dans le milieu. La nuit de sommeil d’environ huit heures doit être respectée si l’on veut être en possession de toutes ses capacités et garder son self-control pendant les parties.
La mémorisation, l’anticipation et les réflexes ne s’améliorent qu’à l’aide d’un cerveau reposé. La junk food est à éviter afin de préserver un corps sain.
Le surpoids et les pathologies qui y sont associées guettent les joueurs qui ne se surveillent pas ou qui ne prennent pas le temps de pratiquer une activité sportive annexe.
Le strater prodigue ses conseils sur les blessures liées à la pratique du gaming et redirige les joueurs vers des spécialistes : mal de dos, de cervicales, tendinites, hypertension ou irritation oculaires nécessitent un accompagnement médical spécifique pour ne pas s’aggraver.
Enfin, il aide le pro gamer à envisager sa reconversion : le jeu dont il est spécialiste passe souvent de mode pour laisser place à d’autres. La carrière est donc bien souvent intensive mais éphémère, surtout si l’on considère qu’il faut être recruté dans une équipe avant vingt ans et que les performances déclinent passés vingt-quatre ans…